lundi 5 mars 2012

189¥

Voici une ébauche de texte que j'avais écrit pour un projet de JIEM il y a quelques années...


J'en profite pour annoncer à ceux qui n'y sont pas déjà allé qu'une bien belle expo de JIEM, qui a pris le pari de faire découvrir aux lillois(es) sa passion pour les monikers, se tient à La Sécu, 26 rue Bourjembois, à Fives. Un conseil, allez-y, vraiment, ça change de ce que l'on peut voir exposé d'habitude.


“Brothers on my jock for the way i hold a piece of steel…so watcha sayin”


Elle est tombée pile cette phrase de PMD. Pile pendant que j’esquissais ce texte. Pile comme un tag Keyz or sur "un bâché" aux alentours de Lyon. Pile comme la balle qui traverse cette bande que j’avais réalisé avec la mienne.


Les dépôts de trains de marchandises c’est un peu le terrain de jeu du fainéant, du mec qui n’a pas envie de courir les dépôts à la recherche du "métal" pas encore hurlant. Du mec casanier, qui veut voir son nom voyager sans que lui ait à le faire.


C’est le vrai métal, massif, rouge, rouillé, plein de patine, comme les briques. Plein de reliefs, de sculptures, le truc à priori relou pour rentrer un lettrage.


C’est P#*E qui m’avait fait découvrir cet univers, en m’emmenant un dimanche après-midi à la Gare Lomme Délivrance, aujourd’hui désertée, vidée par manque de rentabilité, au contenu transféré dans le Pas-de-Calais. On avait peint un wagon assez jeune, sage, dont la carte d’identité(bien rangée dans sa poche) nous avait informé qu’il était d’origine allemande, et qu’il retournerait donc certainement un de ces quatre au bercail. On avait réalisé quelques clichés ce jour-là, dont un assez mémorable avec P#*E tenant un balai, et une pose hardcore, pendant que je cadrais en évitant le soleil. Je n’ai jamais revu ces photos, mais j’ai ce souvenir toujours vif au fond de la tête.


Je n’en ai réalisé qu’un maigre nombre durant ma carrière, mais ils ont eu l’effet escompté, marquer, comme VASIO qui me racontait récemment avoir vu passer devant lui le "Kiss kiss bang bang", pendant qu’il était planqué derrière des buissons durant une poursuite.


En parlant de KISS et de Bang-bang, celui qui m’a le plus bangé en dix années c’est KISS(UV- NWS) justement. A chaque fois que je prenais le train j’en voyais quasi à coup-sûr un de lui, partout en France. J’apprendrais plus tard qu’il avait un gros dépôt à côté de chez lui où il allait régulièrement passer un moment tranquille.


Et puis les marchandises c’est les seuls trains qui passent tard dans la nuit, pendant que tu es en train de chromer les voies. Interminables, lourds, j’ai toujours l’impression qu’un boulon va se détacher et me fendre le crâne.


Moins glamour que leurs confrères, ils n’auront jamais l’estime du grand-public, juste le respect d’une minorité de bloqués, qui s’envoient des cartes postales presque éternelles aux quatre coins de leur continent.


« A piece of steel, so watcha sayin… »


Voilà, il m'avait juste demandé un texte court, si je devais me pencher aujourd'hui sur le sujet, je serais bien plus affable! Les trains de marchandises sont vraiment un univers à part dans le graffiti, qui mériterait plus de reconnaissance. Savoir que des tags ou des graffs de SLEEK, KEYZ, et tant d'autres roulent encore 10 ans après...quel bonheur! Et quand j'avais reçu un texto de Serbie m'annonçant qu'un flop 10 ans d'âge à moi roulait en pleine campagne balkane...quelle surprise!


Sinon il neige...alors sortez faire des photos!





1 commentaire:

  1. Que les frets manquent de "reconnaissance", c'est un des trucs qui m'a toujours plu là-dedans justement...les plus acharnés en profitent, vivent leur passion à fond, loin des modes et des tendances du graffiti...pénard.

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