mardi 10 mai 2011

Chronique Descente Interdite.

J'ai fini de lire Descente Interdite hier.

Un livre complet, de la chronologie aux problématiques, des témoignages aux photos, tout est, à mon sens, parfait. On lit le point de vue de tous les acteurs, taggueurs, policiers, responsables de la régie.

La chronologie coule comme de la Corio du magasin de Belleville, et ses belles étagères en bois. On est happé et il m'a été bien difficile de ne pas le lire d'une traite. Les différentes histoires d'une bonne partie des principaux acteurs du mouvement sont goûteuses, explicatives, et se mettent vraiment toutes en perspective. Mais j'en vient directement à un point: chaque témoignage est à peu près le même, tags>panels>whole-cars>arrestation. Personne ne semble être conscient de pouvoir se faire lever un jour, et ce n'est même pas une question de témérité, mais de manque de bon-sens. Cela reste mon avis, mais les arrestations multiples de la plupart des personnes nuisent à leur "héritage". Que ce soit ici dans ma région ou ailleurs, j'ai toujours eu du mal à considérer certains comme des Kings sachant que les flics les appelaient par leur prénom et qu'ils avaient des dossiers haut comme un bas de caisse en dépôt.

Malgré ce point, qui n'a rien à voir avec le livre, ce dernier est devenu pour moi le meilleur livre jamais sorti en France. Pour une raison simple: il est bourré de tags, et également de paires de Jordan. Des tags au marqueur, au Baranne, au cap d'origine, au fat-cap...des tags en veux-tu en voilà, les uns à côté des autres, dans des dizaines de couleurs différentes. Et ça ça reste, pour moi, le plus bel aspect du graffiti. Quand en plus chaque tag est sur-véner' comme un album de Public Enemy, l'addition fait tourner la tête, et mes yeux ont failli lâcher tellement ils tournaient dans tous les sens pour déchiffrer chaque rame dans son entier.

Degré, Kear, Frode, Azyle, la page 116 à elle seule vaut le prix du bouquin. Quant à Reck...Pfffiiiiioouuu!!! Ces années-là sont définitivement l'apogée du STYLE PARISIEN.

Parfaits de bout en bout, ces tags sont le summum, le point de non-retour, l'Apocalypse condensée dans 4 ou 5 lettres.

Autre point soulevé par la plupart des intervenants, sans la compét' le métro n'a plus la même saveur. Le métro parisien était une aire de jeu, un playground sur lequel tout le monde venait jouer, et tant pis pour les perdants, votre nom a disparu des mémoires!

Pour ce qui est de la partie "contemporaine"(2000 à aujourd'hui), force est de constater que les styles puent. Je ne peux même pas qualifier ça de styles en fait. Hormis quelques crews qui font le boulot(TPK et affiliés, MB/BIGS et affiliés) avec style et ambition, le reste est d'un mauvais goût sans commune mesure.

Bref, merci à Karim pour les 5 années que j'ai passé à attendre ce bouquin, ça en valait la peine, mon appétit insatiable pour la old-school a été rassasié...pour le moment!

4 commentaires:

  1. Connaissant ton goût prononcé pour les bons tags, ce livre doit être assez violent, merci pour cette chronique.

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  2. Une interview exclusive de Karim Boukercha est en ligne sur CANALSTREET.TV :) http://canalstreet.canalplus.fr/arts/interviews/interview-de-karim-boukercha-auteur-de-descente-interdite

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  3. J'avais pas percuté lors de ma première lecture, mai le SLEEK sur métro blanc en '92, page 122, c'est le lillois?? Sur la tête, 'y'a aussi TOONS (twons) KCA SK, il me semble qu'il a fait pas mal de trucs dans le nord aussi, dans la première moitié des 90'S, j'me trompe??

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