mardi 31 juillet 2012

Vol à l'arraché d'arracheurs

Il y a quelques jours je tombe sur une annonce ebay vraiment surprenante, voir: http://cgi.ebay.fr/261060922102#ht_909wt_1213, qui de prime abord m'a fait crier au scandale, à la récup'. Puis après avoir lu le speech du vendeur j'ai trouvé ça plus intéressant, et je lui ai posé quelques questions.



Ayant moi-même déjà détaché et ramené une porte pleine de vestige chez moi(http://capdorigine.blogspot.fr/2010/07/blue-devil.html), ta démarche m'a fortement parlé. Quelle était-elle au début?

J'ai lu ton article, c'est à peu près la même histoire, pour chaque pièce, pour chaque artiste avec des anecdotes différentes. Quand j'ai commencé, c'était pas pour en faire une collection, mais au bout d'une centaine de pièces, ça en devient une. C'est assez bien résumé dans le film de BANKSY. Il n'y a pas de démarche au début, c'est à la fin que l'on découvre qu'il y a une cohérence dans les choix. Je trouve aujourd'hui qu'il y a quelque chose d'artistiques dans le fait de collectionner (voir les "archives du cœur" de Boltanski, les collections de Martin Parr ou juste les portraits de JR).

Je collectionne moi-même énormément de trucs, les sprays bien sûr, mais aussi tout ce qui se rattache à la peinture industrielle(pubs, porte-clés, plv, etc.), à l'histoire du métro de Lille, les marqueurs, encres, les applicateurs de cirage, chaque fois de petits objets, et je sais que personne d'autre n'a trouvé utile de les rassembler. La plupart du temps, dans les drogueries et quincailleries françaises ou belges, mes hôtes d'une minute ou d'une heure me regardaient tous avec le même regard mi-dédaigneux mi-interrogatif quand je leur demandais s'ils avaient ce que je cherchais. Je trouve ça dommage de voir disparaître des pans entiers de la création humaine, même s'il est évident qu'on ne peut tout garder, c'est néanmoins une mission que je me suis donné.
Pour ce qui est des supports que tu "récupères", j'y ai pensé plus d'une fois, mais concernant uniquement les tags old-school d'une dizaine de mes noms préférés. SLEEK, BEEN, EDGE, DUKE, HERO, j'aimerais avoir un support de chacun d'entre eux mais malheureusement il en reste si peu que c'est impossible. Surtout que bien souvent ce ne sont pas des supports éphémères mais de la pierre, du poteau de voie ferrée, etc. D'ailleurs en parlant de poteau(et de boîtiers électriques, mais les gros), j'en connais plusieurs qui vont disparaître à coup sûr d'ici quelques mois, au mieux quelques années, avec des noms vraiment historiques, lillois et parisiens, et j'hésite à ramener le gros matos pour les sauver.
Pour ce qui est de la cohérence, forcément, mes collections en avaient une dès le début même si certaines sont venues se greffer au cours du temps(métro notamment).

Continuons...beaucoup de supports de nature différente, quelles étaient les différentes techniques?

Un peu les mêmes que celles utilisées par les tagueurs : repérage, sortie nocturne, passage à l'acte. Ou parfois si tu as le matos sur toi au bon moment et au bon endroit, passage à l'acte direct. Je voulais que mes pièces aient la même énergie que celle qu'elles ont dans la rue. Faire tagguer un bout de planche en bois par MODE2 m'intéresse moins.

Pour moi on peut rapprocher ça du phénomène des autographes. Depuis que je suis en âge de réfléchir un peu et que je vois des gens demander un autographe ou une photo à une "star"(et là je ne parle pas de graffiti), sans même croiser leur regard ni leur échanger un mot(dans les 2 sens), j'me dis "mais quel intérêt?". Vraiment, je trouve ça d'une débilité sans nom, comme les gens qui pas passent tout un concert à filmer la scène en regardant leur écran...Si je rencontrais Jordan j'lui parlerais d'un de ces shoots légendaires ou d'une anecdote mais j'm'en branlerais d'avoir son nom mal écrit sur un bout d'papier. Même chose pour un graffeur, j'ai jamais fait signer un book(j'ai pas d'book en même temps), à la limite j'préférerais qu'le mec me donne une photo en m'ayant bien raconté l'histoire de ce qu'il y a dessus avant.

Avais-tu une liste de noms à "chasser"?

Non, j'aime bien l'expression "chasser". Je pense pas qu'un chasseur part forcément en sachant avec quoi il va revenir. Mais je suis assez fier de ces trophées.

Aucun regret à voler à leur avenir(incertain certes) tous ces tags?

Je pourrai te dire un truc à la con du style: «Oui mais si personne ne l'avait fait, ils auraient disparus». Et en même temps j'ai envie de te dire que les tagueurs ne se posent pas la question de savoir à qui est le mur qu'ils tagguent. La question de la propriété individuelle, matérielle et intellectuelle m'intéresse beaucoup.

C'est ce que j'avais répondu à un crew qui ne voulait plus apparaître sur mon blog: "une fois ton tag/graff posé il ne t'appartient plus et chacun est libre d'en faire ce qu'il veut", en l'occurrence moi c'était photo/partage, toi décrochage/accrochage.

Pourquoi les vendre et ne pas les donner, ou mieux, les replacer de manière artistique ou non?

Les donner ? à qui ? j'ai été frappé aux portes de certains musées et institutions culturelles pour en faire don. Ils m'ont demandé d'envoyer des mails, ou appeler untels. Je n'ai jamais eu aucune réponse.

Un mec bien connu dans le "milieu" m'avait dit avoir donné(il y a au moins 6-8 ans) une partie de sa collection de sprays à un musée, mais aux dernières nouvelles je ne pense pas que celui-ci ait mis en exposition ces dites sprays depuis le don. Pour ce qui est de la mienne(qui est bien bien plus conséquente que la sienne) j'ai pensé à entreprendre quelque chose pour qu'en cas de départ précipité pour l'au-delà ma fiancée ou ma famille n'ait pas sur les bras un truc aussi ingérable pour les non-initiés, mais n'ayant aucune garantie sur son utilisation et sa conservation, cela reste en stand-by...Par contre je ne la vendrais pas. Un ami à moi m'a récemment parlé d'une université américaine qui dispose du plus important fond mondial d'archives concernant la culture Hip-Hop. Il m'a montré 2-3 trucs vraiment oufs, dont une acquisition récente, et je peux te dire qu'ils ont les moyens de leurs ambitions. Je ne peux pas trop en dévoiler, mais on parle en millions de francs. Pourquoi ne pas te rapprocher d'une structure moins étatique...

Quel est le prix de réserve, et comment l'as-tu calculé?

Il n'a pas été atteint je ne peux pas le dire, car je risque de remettre l'objet en vente.
Il a été calculé en fonction de plusieurs critères :
- En fonction des prix du marché : certaines toiles valent des milliers d'euros aujourd'hui... (est ce raisonnable ???)
- Un tag qui est fait dans un atelier sans risque a t'il la même valeur qu'un tag fait dans la rue ?
- Quel est le prix acceptable pour de l'art qui appartient à tout le monde, mais que l'ont est obligé de mettre sous cadre pour le considérer comme tel ?
- Y a t'il (comme tu l'a bien dit dans ton article) quelqu'un que ça intéresse ?

C'est très intéressant ce que tu soulèves comme question. Y a-t'il vraiment quelqu'un d'assez passionné en France pour mettre le prix d'une toile avec un graffiti dessus pour un panneau de boîtier EDF avec un tag dessus? Je ne pense pas, hormis peut-être un mec du mouv', comme moi ou d'autres fanatiques. On en revient à la méconnaissance du tag, le mal-aimé de la culture graffiti, et pourtant à mes yeux le plus beau, le plus prenant, le plus évocateur. Comme je le dis dans mon article je serais capable de mettre quelques milliers d'euros pour une porte avec un tag de chacun de mes kings locaux, alors que mettre la même somme dans une toile produite à la chaîne par une icône mondiale, là...

Gardes-tu certains noms plus "famous" ou réussis que d'autres?

Si je vends je vends tout.

"Famous" c'est quoi ? Avoir fait la première page du NY Times? Faire la couv du Madame Figaro alors qu'on est un artiste très côté? Ruiner Paris mais ne plus avoir aucun de ses tags 3 ans après? Vendre des toiles super chères dans un marché biaisé par des spéculateurs et faux enchérisseurs? Tagguer le monument de la Bastille? Avoir taggué la station Louvre? Avoir fait des peintures dans toutes la France de Paris à Marseille? Être connu juste parce que l'on est un américain de passage à Paris? Avoir taggué à peine 10 vitrines mais de manière tellement intelligente qu'on est buzzé d'un coup d'un seul? Être mort et n'avoir plus qu'un nombre limité de tags à disposition?..

Les "famous" des uns, ne sont pas forcément les "famous" des autres, et j'ai pas trop envie de rentrer dans ces débats. C'est un art très local, très temporel et les références varient en fonction de chacun, pour moi ils sont tous "famous", je l'ai bien précisé dans l'annonce que le lot est indivisible. J'aime à voir le hip-hop comme une vision horizontale de la société et non verticale.

Très intéressant aussi, même si j'pense qu'on est obligés d'appliquer une verticalité dans le traitement des acteurs de la culture graffiti. Il faut dire ce qui est, certains "méritent" plus que d'autres, de par leur dévouement sans limites, leur Style, leur charisme. Même s'il est encore tôt pour le dire, et qu'il faudrait une intellectualisation et une étude beaucoup plus poussée de ces années d'Histoire.





lundi 30 juillet 2012

Du clos de l'abbaye.

CADYCK(à moins qu'j'me trompe...) HCP, HARD CORE POSSE. Drôle d'endroit...à aller fouiller.









Et comme ODYCÉ passe par ici...un SLEEK 1 et un AXONE!

vendredi 27 juillet 2012

(1)






L'aut'jour je croise EDGE au corner du block, et on parle, on parle, de Carlos Valderrama, de Macadam, du Russe, et de toutes les stars du Grand Boulevard. Puis il me dit "tu vois le truc du métro là-bas?", j'lui réponds que oui(j'le devine de loin je ne l'avais jamais vu avant), et il me dit "en-dessous il y a un cadenas que j'ai mis là le 1er janvier 1984!". Époque Punk, un dimanche après-midi. Il n'a jamais bougé, et il a connu toutes les couches de peinture.

Un tag en 3d, matériel, "je lock le block". 28 ans de vie. Un petit mystère de plus dévoilé!

Si quelqu'un passe par ici et connait un moyen de joindre SPEEDY(b-boy belge des années 80), sur lequel EDGE m'a raconté quelques anecdotes savoureuses, qu'il me fasse signe!

Et Graffitrip pareil, laisse moi un mail sinon je ne peux pas te répondre!

mercredi 25 juillet 2012

mardi 24 juillet 2012

Moi: Oui!







Portes ouvertes au po-dé! Puis la rue Léon Trulin(photo 3) et la Grand'Place(photo 4). Enfin un véhicule de service, avec ce si beau jaune...





CRUNCH RTW, fais péter les fruit-colors ultra-flashys!






AKIRA BEARD, les effets de couleurs, superpositions, transparences, du premier j'suis tellement fan...

lundi 23 juillet 2012

Railscapes


Voici le genre de mail qui une fois lu laisse rêveur, songeur, perturbé. Je vous le partage.



J’affiche des images sur Flickr depuis un an: http://www.flickr.com/photos/chieute/. Quand le blog Capdorigine m’a contacté avec un message court et déterminé: «J’aurais beaucoup aimé m'entretenir par mails avec vous».

Il m’a posé trois questions qui sonnaient comme une enquête de journaliste ou de chercheur :

-D’où vient ce goût pour les voies ferrées et vues du train?
-Comment rendre l’instantané dans un train en mouvement?
-Une ligne fétiche?

Les images qui émaillent ce texte ont été choisies par lui et permettent de comprendre pourquoi ces questions peuvent m’être adressées, j’ai répondu assez longuement, mais le dialogue n’était pas encore installé, parce que je n’avais pas encore lu le texte qu’il m’a ensuite joint, et je ne comprenais pas pourquoi il me posait les questions dans cet ordre. J'y sentais quelque chose de lui, mais je n'avais pas la clé. Il m'a orienté sur son blog, notamment ce texte: http://capdorigine.blogspot.fr/2012/01/echapper-soi-meme.html, l'entretien peut maintenant aller directement à l’essentiel.

Ce texte m’a rappelé une anecdote avec un ami de jeunesse. Nous étions étudiants en philosophie à Lille, vers les années 1990, dépressifs, paresseux, prétentieux (enfin surtout moi), mais toujours dans un humour radicalement noir, ce que je ne perdrais pas. Il m’a dit à peu près: «Quand on rencontre quelqu’un, les préliminaires sont souvent pénibles, il faut attendre des semaines pour commencer une conversation un peu intéressante. Je vais écrire un petit livre: Introduction à moi-même. Comme ça, quand je rencontrerais quelqu’un, je lui donnerais le livre, et dès qu’il m’aura lu, on pourra en parler et aller à l’essentiel».

J’adhérais avec enthousiasme, j’ai rêvé de nombreux plans pour ce livre que je n’ai jamais écrit(heureusement). Cet «essentiel» auquel je croyais était un mélange d’idées abstraites banales et de narcissisme. Voilà pourquoi je peins beaucoup plus que je n'écris. Par contre, Capdorigine a réussi magistralement cette introduction à lui-même. Son texte plante directement le décor, ou un champ de bataille. Je suis un artiste conscient, je prête moins d’importance aux images faîtes que les réflexions que j’en tire. Je pratique la peinture comme une philosophie appliquée, plus rapide à lire. Du coup, s’il on toque à la porte d’une image, il y a une pleine caisse de pensées derrière. Tant pis pour ceux que cela ennuie, il ne fallait pas demander.

Je me tuerais, c’est certain, par contre je ne sais pas encore quand. Je ne le ferais plus sur un coup de tête. C’est beau en film, mais cela suppose justement un spectateur, c’est fait pour les autres, pas comme une décision personnelle, rationnelle, mûrie. Je ne me jetterais jamais à la tête d’un conducteur de train ou de métro, je partirais plutôt à pied, sans gêner personne, pour mourir d’épuisement. Il y a toujours de ces réalistes qui vous disent que ce n’est pas possible d’être aussi froid, que dans ces moments là on ne peut pas être lucide. Ce raisonnement me semble abstrait et purement idéaliste, il suppose une idée préconçue de l’humanité et de sa faiblesse.

La lucidité est un sport, on s’y entraîne dès l’enfance, en ne se refusant aucune vérité, quelles qu’en soit les conséquences. À force, on connait les limites de sa conscience, on finit par savoir quand s’arrêter à temps, justement avant d’être emporté. Je me souviens encore de cette sentence en tête de mes carnets d’écritures: «prière de me suicider si je ne peux plus en décider». On ne fait pas de la morale avec de la sociologie. Ce n’est pas parce que la majorité ne peut pas courir un marathon qu’il est impossible d’y arriver, mais en effet, ce ne sont pas que des mots, c’est un exercice quotidien. Par contre, tout ne vient pas de moi. Je dois beaucoup à une excellente santé qui me monte au cerveau, je suis doué pour le bonheur, c’est d’ailleurs pour cela que si ma vie tourne trop mal, je resterais sur les bons souvenirs plutôt que d’aller jusqu’au bout de la déchéance.

Je connais ma chance ; avec une autre vie, j’aurais d’autres maximes. Le rapport au suicide peut se deviner dans mes images par quelques aspects. Elles ne sont pas morbides. Puisque j’ai à tout moment le choix de me tuer, alors je vis à fond. Par contre, mes images ne sont pas peureuses. S’il y a un cadavre de rat, ou un oiseau tombé, cela se peint aussi, ça dit quelque chose. J’évite de choquer pour le plaisir, je voudrais que mon fils puisse entrer dans l’atelier sans être perturbé.

Trains, routes, supermarchés, verres de vin ou de bière, mes sujets pourraient passer pour mélancoliques. Il n’y a pas d’intention pathétique, c’est juste que je ne crois pas à la beauté, mais au réel. Je peins ce que je vois, mon quotidien, ni sombre, ni brillant, moyen, gris. Oui, regardez y bien, la réalité est grise, ou brune, il y a très peu de couleur pure(comme il n’y a pas de traits dans la nature).

Il en est de la mort comme du noir. Une image sans ombre serait une feuille blanche, sauf que même les feuilles blanches ont des ombres voir des couleurs, comme expliqué sur ce lien et à travers ces images: http://www.flickr.com/photos/chieute/sets/72157629287772732/.

En conséquence, le clair-obscur me fascine. J’ai le trait franc. Ce n’est pas que je dessine mieux qu’un autre, mais je n’ai pas peur de gâcher, du coup, j’augmente mes chances de tomber juste. Le dessin d’animaux est une école de la décision. Il apprend à attendre pour saisir une occasion, et trancher. Ensuite, il faut savoir suivre une idée, et une seule, puis s’arrêter avant de la trahir ou de ne plus y croire. Pas de vanité, du détachement, quand c’est raté, on déchire ; pareil pour la vie.

J’ai peu de rapports avec le graffiti, des aspects m’en éloignent, mais j’en partage peut-être une racine. Je n’aimerais pas être obligé d’utiliser uniquement des bombes aérosol, les bruns ne me semblent pas très subtils. J’aime l’ombre naturelle, la terre de sienne brulée, leurs échanges avec un vert de pérylène ou un bleu d’indanthrène, les transparences dans l’eau, les diffusions dans les essences, ou la matière d’un vernis bizarre. Je veux savoir la chimie derrière les tubes pour ne pas être dupé par un marchand de couleurs qui ne me vend que des mélanges. J’ai broyé mon huile, peint avec de la farine et la terre de mon jardin, ou acheter n’importe quel pot de bricolage, pour chercher la même image, derrière n’importe quelle matière. Si nous avons une image à dire, alors elle peut être rendue à la bombe, à l’aquarelle, à la tablette numérique, ou à l’encre ; la technique ne doit pas importer, dès lors qu’on en domine assez pour la faire parler. Bien sûr, tout ne convient pas à tout, on ne va pas sortir toile et chevalet dans le métro ; l'aquarelle n’imprime pas fort sur un mur ; mais le fétichisme des techniques me semble limitant. L'expérimentation continue des matières évite de s’enfermer dans des effets attendus, force à trouver de nouvelles manières.

Delacroix aurait, dit-on, trouver ses couleurs par l’aquarelle en Algérie, avant de les mettre en huile ; Ernst affirme que son invention majeure a été le frottage, ce qui ne l’empêche pas de coller ou peindre. J’ai rencontré des “iconographes” (peinture à l’œuf sur bois et figures religieuses) qui s’interdisent d’inventer, souhaitons qu’il n’existe pas de tels doctrinaires de la bombe.

Mon monde tient plus à l’art brut de Dado: (http://fr.wikipedia.org/wiki/Dado). Je l'avais visité à Gisors, il hébergeait un jeune graffeur qui s’était mis au chevalet. Celui-ci se montrait encore fier d’un album de camions et façades colorées, mais il découvrait la toile, à revoir le matin la couche peu inspirée de la veille. Dado peignait Le Jugement dernier, sur les murs d’une ancienne léproserie.

Si le graffiti continue Lascaux, alors peu importe la bombe, pourvu que l’on se donne quelques millénaires de tradition pour être inspirés. Mais Capdorigine semble surtout avoir été intrigué par mes “railscapes“. Je ne sais pas si quelqu’un l’a déjà fait, mais je peins dans le TGV, ce que je vois par la fenêtre.

L'idée s'est révélée car j'aime ce que font Caro la Dewor: (http://www.flickr.com/photos/sketchall/sets/72157624221552353/), qui a peint en atelier à partir d’un film d'un voyage sur le transsibérien: (http://www.google.ru/intl/ru/landing/transsib/en.html), ainsi que Maartje Jaquet: (http://www.flickr.com/photos/mjaquet/5852076497/in/set-72157610610982045), qui dessine et filme en voiture.

Je n'ai pas de goût particulier pour le train, par contre je prends le TGV 1 à 3 jours par semaine depuis 10 ans. J'habite Lille, je travaille à Paris. Le TGV fait partie de ma vie. Je ne l'aime pas spécialement, il m'est simplement indispensable, comme une voiture, ou des jambes. Jusqu'à il y a 3 mois, j’y travaillais avec l'écran, je suis ingénieur informatique. J’avais repris la peinture pour la santé mentale, j’ai en ce moment un mou dans le boulot, du coup je me suis mis à regarder sérieusement le paysage traversé, en le peignant. Je voudrais savoir tout peindre, tout ce qui se voit. Les femmes qui font leurs courses, le sourire d’un gamin en classe, une vache qui bouse, tout ce qui passe devant les yeux et que l’on ne photographierais même pas. Peindre pour voir ce que l’on ne regardait pas.

Concrètement, pour réussir un railscape, il faut commencer par prendre du matériel petit. A6, A5, A4 est la limite, fixée par la tablette et le temps de couvrir. Il faut une technique sans odeur, pour ne pas gêner les autres voyageurs, je conseille le pinceau à réserve d’eau, pas de pot à renverser, puis de l’encre, ou de l’acrylique, ou de l’aquarelle, chacun ses goûts. La place idéale est dans un carré, côté couloir, quand il y a peu de monde. Coté fenêtre semblerait plus logique, sauf que l'on ne peut pas se mettre face à la fenêtre, et du coup on a soit la vue de ce qui vient, ou celle de ce qui part.

De fait, je me retrouve plus souvent en voiture bar, sauf que les voitures les plus courantes ont une barre à la hauteur des yeux, ils ont la même fenêtre que du côté assis, plus une meurtrière en long au dessus. Je suis souvent sur la pointe des pieds. Un autre problème dont les voyageurs s'aperçoivent peu, c'est que le train est très souvent en tranchée, je suppose pour régulariser le relief.

Un paradoxe de la peinture en mouvement, c'est que le plus stable, c'est le ciel. En peinture de chevalet, le château ou l'église bougent peu, par contre les nuages ne font que changer, et la lumière aussi bien sûr(impressionnisme...). C'est comme quand nous dormions enfants dans la voiture des vacances, la nuit, les arbres passent, la lune a l'air de nous suivre. Donc je commence par m'intéresser à une configuration de nuages. Ensuite, je suis saisi par un petit coin. Généralement, cela se résume à quelques lignes qui se croisent, des chemins qui divergent, une frondaison qui vient manger de la pâture, un petit village (si bien caché), il faut que je me l'imprime en tête parce qu'il passe à toute vitesse.

Pour mieux me le fixer, j'accompagne la vue d'un geste à vide, à l'eau, sans couleur, et dès que je n'en vois plus rien, j'essaie que la vision m'explose dans la main, au delà de ce que je peux consciemment vouloir. L'erreur, ce serait de dessiner ce que l'on sait de la chose, par exemple l'anatomie d'un visage qui n'est le portrait de personne.

Il en sort beaucoup de ratés, et aussi de l'imprévu.

Enfin je peuple un peu l'image avec des détails qui repassent souvent, peupliers, pylônes, et je termine par un peu de lissage de la forme, pour rendre la chose plus lisible. C'est un passage délicat, il ne faut pas détruire son image en voulant lui imposer ce que l'on pense être beau, mais il faut pourtant en rehausser le plan général, faciliter la vision, en subordonnant tous les détails à un ensemble.

Je pratique la peinture dans le train comme un délassement, et un exercice, pas un produit fini, je voudrais concevoir plus grand et plus long. La répétition permet de maîtriser des variables pour faire des expériences rapides de couleurs, techniques, ou compositions. Il y a du plaisir d’excitation à boire une vision à pleine dents. C’est une expérience du temps. Les futuristes voulaient montrer le mouvement sur la toile, avec des effets de cinéma superposé, il découvrait la vitesse, elle fascinait.

Rouler à 400 km/h est maintenant banal, je voudrais le contraire, fixer ne serait-ce qu’un instant avec le mental. Le train augmente l‘impression, mais c’est tout le réel qui est trop riche pour la perception, nous en retenons trop peu.

Ma réponse au texte de Capdorigine d’il y a 8 ans, c’est que je ne cherche pas à échapper à moi-même, à la raison, aux normes, à la masse, c’est ma force, mais je ne veux pas non plus m’ennuyer, me répéter. La drogue ou la folie m’ennuient, j'y perds un bout de cerveau, et je n’ai pas trop de tête pour tout ce que je voudrais faire avant de partir.

Chaque jour apprendre, trouver une idée, pour s'endormir content, et avancer, si possible avec des amis.

Ne pas être voyageur, porté par le temps, mais chercheur de voies.

samedi 21 juillet 2012

Madame O'Malley











Brad'Habitat, un bon spot de digging fermé depuis quelques années, que m'avait filé un ami(il se reconnaîtra). Brico Spray Rose à foison, et quasi toutes les couleurs Alac.

vendredi 20 juillet 2012

Check it out yo PHD yo




Photo de mon Nokia C3 ultra-moderne à la définition incroyable.

Un ASPEAK d'une session fat-cap Marabu bleu avec TOXICK(et sûrement d'autres) dont pas mal de vestiges quasi-illisibles sont là pour allécher et laisser imaginer...

Et un CDM CRAM.

jeudi 19 juillet 2012

23e édition

Quelques petites histoires...qui légendent ces photos, digguées sur le net.



JEF AÉROSOL tient une bombe EINZA dans sa main droite. À peu près tout l'monde s'en fout sauf moi évidemment. Quand j'étais allé à l'usine-stock SPRAYCOLOR j'en avais trouvé quelques exemplaires, de différentes générations, l'étiquette est vraiment belle, une mise en page bien allemande avec des couleurs et des typos fortes, une bombe bien véner' comme je les aime. À noter la position de doigts de JEF, qui pose son majeur juste à côté de son index et du cap. Je n'avais jamais vu ça auparavant, il faut dire que c'est pas le genre de détails auquel on fait attention, et pourtant!

Pour quelques EINZA:
http://i163.photobucket.com/albums/t296/Topgunz_2007/DSC08085.jpg




Ceci est l'ancien emplacement de l'Aéronef, salle de concerts lilloise réputée. Elle était située rue Colson, avant que le collège Saint Paul n'en récupère l'utilisation pour une salle de sports. Quantité de tags sur cette façade à l'époque, principalement des TSV, voisins du lieu. On peut en voir un à gauche en bleu, et d'autres tags à droite, mais illisibles, piètre qualité de scan.




Quand j'apprenais à conduire, ma monitrice m'engueulait régulièrement car je manquais d'avoir des accidents toutes les 2 minutes. À force je lui ai expliqué que je regardais les tags, et elle m'a raconté qu'elle faisait du pochoir début 80. Elle me citait tous ces noms de DOCTEUR(S), que je ne connaissais pas. Avec certaines photos découvertes plus tard, de BECK, SPEK ou un homme dont j'ai oublié le nom qu'on nous avait présenté pour CAP NORD et qui avait participé à l'ouvrage et à l'exposition au Colysée à Lambersart(et qui m'avait offert deux photos magnifiques! Merci encore) je mettais enfin la main sur quelques signes de ces DOCTEUR(S). DOCTEUR TABLE notamment, qu'on peut voir ici.




Boulevard Carnot, Lille, on peut apercevoir la publicité LION NOIR, encore préservée aujourd'hui, et le spot où trône un NASTE depuis 10 ans, au-dessus de l'enseigne "Bateaux". Énorme publicité "PRINCE'S BEER SEDAN", je sais que certains de mes amis passionnés de bières nous renseigneront là-dessus.




Une photo pour nos amis parisiens, les toits sont vierges, le métro est bien brillant, bien bleu, ils attendent sagement de se faire défoncer la gueule dans quelques années!




Encore une pour mes alcooliques. Un tramway sortant du dépôt de Buisson. "La motrice Düwag GT6 285 des Bogestra, accidentée, a été acquise par les TCC pour le gain de pièces de réserve." Jagermeister! Typo bien hardcore.




Les fameux tramways peints. Chaque année à Noël on en voyait, et certainement aussi tout au long de l'année, mais je ne m'en souviens plus très bien. Je me souviens juste que quand j'en voyais un, c'était un peu comme avoir la fève, c'était exceptionnel et ça rendait joyeux.




Carcasse de tramway, comme j'aimerais avoir une photo de moi enfant ou adolescent, à la place du conducteur, un peu comme celle de VESHO aka RAP dans DESCENTE INTERDITE.




Superbe, tramway de casse probablement, à Buisson, pareil, une belle pièce window-down, ambiance scrap-yard.




Pasteur, avec un trottoir...Le Pont du Tramway au loin...avec ses slogans politiques peut-être.



mardi 17 juillet 2012

L'ennemi du pied: le clou!














"ADHÉREZ AU PARTI COMMUNISTE", lettre par lettre, je ne vous en offre que la серп и молот et le "P(..)C", avec une coquetterie pour le "C" notamment.

Je conseille à tous les fins gourmets Berlin City Ghetto Art, pure claque stylistique, gelb u-bahn!