dimanche 29 janvier 2012

Interview VISION OC-MCZ



On voit de plus en plus de mecs poster des vidéos ou des photos de leurs voyages aux 4 coins du globe, dans les bidonvilles indiens, les déserts mongols, etc. quand des mecs comme toi, ou moi, restent hyper-attachés à leur ville. Qu'est-ce que t'en penses?


En fait, j’suis particulièrement attaché à Montreuil car j’y ai passé une grande partie de ma vie, j'y travaille, j’y ai ma famille, mes potes, mes terrains et mon atelier que je partage avec SOKLAK. Même si je n’y habite plus, famille agrandie oblige, j'y suis tous les jours.


C’est la ville où j'ai fait mes premiers tags, puis mes premiers graffs. C'est là que j'ai fait mes classes que ça soit au niveau terrains ou au niveau RATP. C'est de là que je partais pour Paname pour taper de la peinture, des tags ou de la bouffe. Déjà dans les 90’s c’était "chez nous!", on restait des heures sur le quai de la Croix d'Chav’ à faire des sauts de rails sur les trains en partance pour Paris, c’était notre point de rendez-vous. On a aussi une multitude de spots pour peindre(au début des 00's on comptait quand même une quinzaine de terrain de bonne taille)


Les keufs n’était pas trop au taquet et avec un peu de tchatche tu t’en sortais toujours. On avait tous les avantages de Paris sans les inconvénients(les parisiens, la foule, les flics...) A cette époque j’pouvais rester un mois facile sans dépasser la Porte de Montreuil...


Desservie par trois stations de trom’, le RER à 5 min, une tolérance pour la peinture et un truc qui me plaisait mais que l’on trouve de moins en moins: c'est la mixité ethnique et sociale. Ça a tendance à s'embourgeoiser et dernièrement l’arrivée de Voynet à la mairie n’a fait qu'accentuer le truc avec son trip écolo qui plait beaucoup au bobos. J’adore Montreuil mais ça n’empêche que je kiffe bouger en banlieue, en province ou à l’étranger...Justement j’apprécie encore plus quand je vais dans de nouveaux endroits. Et ça serait difficile de renier cet attachement tellement c'est ancré dans mon ADN de writer.


Ta ville influe-t’elle sur ton graffiti? Formes, couleurs, références de styles...


Le lieu ou tu vis va forcement avoir une influence sur ta peinture, si tu vis en province dans un endroit où il n'y a pas de spots légaux forcément tu te tourneras vers le vandal, les rails, autoroutes, et au contraire si ta ville est sous caméras et qu'il y a pleins de terrains ça sera plus du légal...Mais i’a pas vraiment de règle c'est juste logique. On s'adapte. En général j'aime bien voir/revoir mes peintures alors j'ai plus tendance à peindre/tagguer là où je passe et repasse. Le fait d'habiter près des rails m’aurait sûrement fait faire plus de roulant...


J’habite à présent sur le RER et depuis je me suis remis à faire quelques graffs sur les rails. La multitude de terrains vagues à Montreuil m'a aussi donné la possibilité d'y peindre beaucoup, autant que l’envie de faire le périph’ ou poser dans le métro. Et que les peintures ne soient pas nettoyées m'a fait peindre dans la rue, et j'ai arrêté quand ils ont commencé leur politique de nettoyage systématique.


On a un proverbe pour ça: "Tu peux enlever le narvalo de Montreuil, tu n'enlèveras pas Montreuil du narvalo".



Tu "fêtes" tes 25 ans de peinture, avec 2 blazes principaux, "EKSTAZ" et "VISION". Ces 2 noms, leurs significations, c'est un bon résumé de ta carrière non?


J'ai eu une multitude de noms avant de m'arrêter sur VISION. Vers fin 85 j’ai commencé avant même de savoir que c’était du tag à faire une sorte de "S" façon logo "Cigares du pharaon de Tintin" avec des flèches aux extrémités que je marquais partout dans mon collège. Puis "SIR STEPH B" puis fin 86 j'ai posé SIR ONE, là j'ai commencé à comprendre le trip graffiti: tags, groupes, sortir tagguer et faire mes premiers graffs avec ESKISS qui posait SAD ou ARTHUR à l’époque. C’ est en plein pendant ma période métro que s'est fait la transition SIR ONE/EXTAZ. A cette époque je me suis aperçu qu'il y avait un autre SIR qui tagguait pas mal sur Paname. J'ai préféré changer pour EXTAZ. EXTAZ c’était HOKE qui l'avait trouvé et qui l’avait posé quelques fois. J’lui ai demandé si j’pouvais le récup'. Il était ok, direct c’était parti, ce qui me plaisait c’était toutes les façons différentes de l’écrire(une dizaine) Avec ce blaze je suis devenu, à force d'efforts et de matinées passées à faire des allers/retours Croix de Chavaux/Mairie de Montreuil et traîner sur la ligne, le King de la 9, j'avais des tags dans toutes les premières classes et dans la plupart des autres wagons, et pas mal d'extérieurs. A cette période je trainais principalement avec les TKV(SCREEN, ZROPE, IRES, DEZISM, KONE, REST, etc.)



Ensuite j’ai posé: H.DON, MOON, BODE, THINK, FEVER, HEART...au gré des terrains et des plans vandales. Ça me plait de changer de lettres...Et en 1993 j'ai eu un accident, immobilisé 3 mois, les deux jambes dans le plâtre, j'ai beaucoup dessiné(ce que je fais rarement) et je suis tombé sur une photo d un graff "VISION" qu'on avait fait tout au début, j'ai donc dessiné une cinquantaine de sketchs VISION et quand j'ai pu remarcher je les ai fait sur murs. J’en ai aussi fait plein en chrome et vandal avec REST et PSEYE.


***En parlant d’eux...une des plus belles photos que j’ai vue récemment se trouve sur ton site. Un mur avec 3 couches superposées, un palimpseste pour parler correctement français, où l’on voit le mur d’origine, puis un mur avec un bout de fond de graff et une série de tags «MEDA, PSEYE, REST, DAISY, SOS» blanc sur petit encadré violet, et enfin la couche qui a recouvert le tout mais qui se décompose...Quelles sont les plus belles images qui te viennent à l’esprit?


Les plus belles images de graffiti que j'ai en tête c'est quand la nature se mêle au support. Par exemple je suis tombé il y a quelque temps sur un VISION vieux de 8 ans, un petit arbre avait poussé dans le mur. C’était superbe et inattendu, j’aime les vieux graffs sur lesquels il y a une marque du temps...les fret qui roulent longtemps avec la peinture craquelante cuite par le soleil.


Et tellement d' autres choses hors graffiti!***



(suite)Et petit-à-petit j'ai lâché EXTAZ, les seules personnes qui m’appellent encore comme ça sont des potes d’il y a 20 ans. La signification n'a pas trop d'importance c'est plutôt ce que tu peux faire d’une combinaison de lettres qui est intéressant.

Tu as beaucoup, beaucoup, beaucoup peint, en terrains(légaux ou non) quasi-uniquement, depuis quelques années. Sans vraiment changer de direction dans le style, ce qui est appréciable, mais aussi dommageable, à mon sens. Qu'est-ce qui t'as motivé et te motive encore?


Ce qui m’a attiré en premier dans le graffiti c’est le côté coloré qui s’opposait à la grisaille urbaine. Mon premier souvenir de graff, j’parle pas de tag, c'est un dégradé orange-jaune avec des grosses lights, bubble et des contours noirs. Puis Stalingrad et après Spraycan Art et Subway Art ont été mes références. C'est le graffiti NY 80's qui m’a fait kiffé, évidement j’aime beaucoup d'autres styles et écoles mais c’est dans celle-là que j’me retrouve le plus. Je pourrais changer et coller à l’air du temps mais c’est pas moi. Je n'ai aucune prétention dans le graffiti d'essayer de révolutionner le truc ou d'être le meilleur. J’ai pas non plus envie de faire comme un mec dont les pièces m’ont plu. J’vois pas l’intérêt de faire pareil si ça ne me correspond pas.


Malgré tout en restant dans le style US classic je varie souvent de style(rond, straight, wild, flow, flèches, etc.) Et je joue beaucoup sur les couleurs. On a aussi l’impression que mon style ne bouge pas trop, d'une part parce que j’ai mon propre style et que forcément c’est dur de s’en détacher mais aussi parce que je peins beaucoup et que entre les cinq derniers graffs il n’y a pas une énorme différence. Et comme je ne dessine presque pas...Mais je ne connais pas vraiment de writer qui change régulièrement de style sans s'inspirer d'autrui et qui ne soit pas un copycat. I’a qu’à voir les modes dans le graff: la 3D, l'Ignorant, le Old-School US, en ce moment c'est les triangles, pyramides et compagnie...les effets de fat cap. J’préfère qu’on dise que mes graffs sont toujours pareils que changer pour changer, et faire ce qu’on aimerait de moi ou ce qui est à la mode. Je peins principalement pour le plaisir de faire, évidemment le résultat compte mais c’est peindre qui me plait...bomber! C'est aussi pour ça que je fait rarement des pièces sur deux jours ou plus. Il faut que ça aille vite et que ça soit spontané. Je n’utilise jamais de sketch je trouve que c'est plus des contraintes qu’autre chose. Je préfère m adapter au support.


Parlons un peu de matériel. Trouves-tu, toi qui as connu toutes les époques et je pense un sacré paquet de marques, que les bombes d'aujourd'hui rendent le graffiti plus facile? Après tout les Auto-K ou Krylon avaient la même puissance de fat, et d'autres marques comme Dupli-Color ou Sparvar étaient extrêmement précises, non?


La première bombe que j'ai eu en main était une 300ml noir mat je ne me souviens plus le nom(tag SIR ONE). Puis les bombes des puces à cap ajustables. C’est avec ça que j'ai fait mes premiers graffs. Ensuite les Altona, Duplicolor, et puis surtout les Krylon et les Buntlack. Mes marques préférées à cette époque aux puces: les Sparvar avec une préférence pour les "Blumen", gamme de couleurs pastels qui couvraient mortel, après sont arrivé les Felton. La différence principale à mes yeux, ce n’est pas trop l’outil en lui-même qui a évolué mais plutôt la qualité de la peinture qui est maintenant vraiment couvrante, comme tu dis il y avait déjà des bombes haute et basse pression. Je me rappelle avant, les jaunes c’était limite inutilisable à moins d'un mur apprêté en clair. Puis quand les Felton sont arrivé j'ai du faire une dizaine de graffs contour jaune. Puis les Hardcore, Gold, Belton, etc. Maintenant je peins a 99% Hardcore et 94, des fois des Black ou des Ironlak.


Les marques qui m’ont fait kiffé, pas trop connues:

-Quick, Danemark, embout femelle, couvrait très bien, peu de couleurs, c’est à Copenhague en 96, avec des Quick, que j'ai vu pour la première fois "mixer" deux couleurs.

-Plastikote: gamme très large, couvre pas mal, bombes ricaines, j'en avait pécho un stock au pavillon MJ spray quand ils avaient arrêté la vente de bombes. J’avais été les voir pour leur demander de pouvoir fouiller leur stock de bombes(autres que Sparvar) invendues, dans leur cave dormaient une dizaine de cartons moisis. Il y avait plein de Plastikote différentes, des Auto-K mais aussi pas mal de Rustoleum.


Niveau collection je dois avoir un peu plus d' une cinquantaine de bombes collector, j’parle pas des limited editions ou des bombes qu'on trouve encore. J'avais commencé à faire les marques "graffiti", Belton, Montana, Clash, Tiger, Sabotaz, etc.) mais j'ai stoppé par manque de place et c'est beaucoup moins intéressant car moins rare. Je ne garde plus que les vielles et les étrangères. En fait les bombes imprimées ne me plaisent pas, j'ai une passion pour le papier des bombes. Les bombes en double, une fois vidées je gardais le papier, au début je les collais en intro et outro des books-photos. Puis quand je suis passé au numérique je les ai utilisés pour faire des collages sur toile. Cette série est finie car mon stock s’est appauvri, presque plus que des bombes imprimées. Si vous avez des papiers de bombes j’suis preneur!



Quels sont les noms(graffiti) un peu méconnus que tu citerais dans tes favoris?

-HESOE: chilien, style particulier. Utilisation des effets de fat-cap avant l’heure.

-BOM5: NY late 80's-early 90's.

-OREUS MCZ.

-DADDY NASTY SONS: MEGA & ROMEO, duo hollandais old-school, styles classiques modernisés, peignent à 4 mains, super efficaces, persos, lettres et pleins d'autres dont les noms ne me viennent pas en tête.


Tu as participé au jury d'un Battle graffiti dans le Nord de la France il y a quelques semaines, qu'en as-tu pensé et que penses-tu de ce genre d'événements? Sans langue de bois!


Le principe du battle ça me plait, ça fait partie du truc la compétition. Des petits jeunes peuvent créer la surprise et se faire connaitre. Le truc qui est un peu naze dans ce genre d'événement c'est qu’à cause du système de notation, catégories/notes/jury multiple, tu peux te retrouver avec un gagnant que tu n’aurais jamais choisis si tu avais été seul. Mais comme j'aime bien bouger et peindre ailleurs c'est l‘occas’.


La profusion actuelle de livres sur le graffiti est-elle une bonne chose?


C'est sûr que c'est la profusion de livres, à croire que c’est devenu un passage obligé. J'en ai pas mal, j'kiffe le support papier, avoir l’objet. Il y a un bout de temps j’avais commencé a bosser sur un livre avec un pote, beaucoup de travail, un tri d' archives phénoménal et au final on a stoppé car il y a eu des désaccords entre les personnes bossant sur le projet et les autres coéditeurs, finalement ça n'est pas sorti et j'ai lâché l’affaire.

Depuis, j’avoue, l’idée de faire un livre sur mon taf s'est un peu éloigné. C'est quand même un taf de ouf si tu veux vraiment faire un truc béton. Puis il sort tellement de livres, ça se noie dans la masse.


Dernièrement j’ai kiffé le spécial stations fantômes de "Graffalife», American History de Roger Gastman et le bouquin sur Chaz Boroquez.


A quand le prochain changement de blaze? Et pourquoi?


Non...pas prévu!


Ton rêve le plus fou dans la vie? Voler avec les grues cendrées? Aller sur Mars? Voyager dans le temps?


Un tour du monde food & graffiti de 3 ans sur un énorme bateau avec ma famille et mes potes.


Une question pour moi?


Comment tu fais pour gérer/ranger ta collec’? Parce que j'ai pas grand chose et ça prend déjà trop de place. Et si jamais tu as une Red Devil à troquer j’suis chaud!


J’ai énormément trié, pour ne garder que les sprays «intéressantes» d’un point de vue esthétique ou historique. Esthétique par rapport au design général, aux typos, à la forme, telle ou telle couleur incroyable. Historique par rapport à ma propre histoire graffiti, les sprays avec lesquelles j’ai le plus peint, celles qui ont une histoire de leur vol vraiment cool, et historique par rapport à la «culture» graffiti. Ca me permet d’illustrer parfois les propos des gens que j’interview ici! Avec telle ou telle marque ou couleur disparue...Mais j’ai effectué une sélection drastique, j’pense avoir viré la moitié de ce que j’avais accumulé en quelques années(3-4ans). J’dois aujourd’hui avoir «seulement» 1000-1200 sprays. Ca te laisse une idée de ce que pouvais être mon appartement auparavant! Et encore c’est sans parler des stocks «d’utilisation» et de «vente». Et sans parler non plus de tous les autres trucs que je collectionne! Enfin bref, tu peux rassurer ta femme! ;) Et sinon je n'ai pas de Red Devil, je ne collectionne que ce que je peux trouver en France et en Europe, j'trouve ça débile d'acheter des sprays à prix d'or sur Ebay à PJay, juste pour avoir un objet que tu n'as vu que dans Subway Art ou Style Wars...et que tu n'utiliseras jamais! Chaque spray que j'ai, j'ai fait en sorte d'en avoir une deuxième ou plus pour pouvoir pulvériser avec et savoir c'qu'elle avait dans l'ventre. Il n'y en a que très peu dont je ne connais pas "l'intimité"...





Pour les liens, histoire d'aller voir plus de photos, et de jeter un oeil à la longue et prolifique carrière de VISION:


http://www.vision-oc.com/


http://www.flickr.com/photos/36489271@N08/


Et pour les parisiens et les autres de passage, allez voir son exposition à la Galerie Pascal Vanhoecke, 21 rue des Filles du Calvaire, dans le 3ème arrondissement, juste à côté de République!


http://www.galeriepascalvanhoecke.com/


Et enfin sache qu'une moitié d'un throw-up à toi subsiste à l'entrée de l'autoroute à Lille!


samedi 28 janvier 2012

vendredi 27 janvier 2012

Le JT






Ces bleus! ces roses! Superbes couleurs, pas besoin de 94 ou Molotow! (bon ok le ACID est très certainement réalisé avec des Molotow, mais bon...)

KERO, et SHAK(à priori le DRC, confirmation en attente!)

jeudi 26 janvier 2012

Fast life

Malheureux hasard...quelques heures après avoir publié mon texte de 2004 et celui du conducteur, j'apprends qu'le sujet de nos écrits avait pris une dramatique réalité, encore, quelques heures auparavant. Décidément les temps sont durs dans le coin.

REP là où tu es parti, et courage à ses proches.

mercredi 25 janvier 2012

Echapper à soi-même

"Echapper à soi-même"

Chaque jour ou presque apporte son suicidé sous un train.

La fascination étrange pour ces énormes machines, symbole encore moderne, et ici si cynique, du grand départ, du voyage, de personnes dépressives qui s'offrent pour quelques secondes le plaisir de toiser la Mort, en guise d'ultime, ou de première plus certainement, injection d'adrénaline, m'interpelle et m'inspire.

A l'heure où le débat se fait mondial, forcément passionnel, et passionnant, sur la fin de vie et les droits personnels, implicites et explicites, qui s'y réfèrent, quel meilleur exemple que le suicide pour cristalliser les immenses territoires sur lesquels porte ce débat?

J'ai passé une importante partie de ma vie sur les voies-ferrées du Nord-Pas-de-Calais. Non pas en heures, en temps social,, mais en temps pur, personnel.

Une autre à me questionner sur la pendaison de mon père.

Ces deux parties se croisant bien souvent pour créer ce moment unique et chronique, que j'apprécie au moins autant que l'errance jouissive qui ponctue l'Amour, malgré le mal-être inhérent à une telle confrontation. C'est aussi toute l'étrangeté du sadomasochisme, le plaisir de se faire mal, d'avoir mal, de faire mal, qui m'apparaît dans ces moments.

Ces lignes de vie directives quasi-infinies, que sont les rails, posés à même le sol comme un pied courant, cernent un univers à part. Un chemin de croix, le "hors des sentiers battus" de ce monde sans frontières qu'est mon monde. Loin de l'aseptisation des autoroutes, la poésie de ces broches, agissant comme des points de suture sur la peau d'une terre déchiquetée par l'évasion à tous prix des voyagistes et des politiques d'élargissement, m'émeut à chaque fois différemment, et me procure des sensations jamais abordées dans le quotidien trop court et pourtant réduit, dont je fuis les divertissements consensuels et contemporains.

Le besoin de suivre ces lignes, de sentir l'électricité qui les oxygène m'approcher, m'effleurer, et le besoin de laisser cette dernière m'emplir de sang neuf avec son souffle, tantôt ronronnement doux et hypnotisant, tantôt halètement lourd et bruyant, prédominent largement sur le risque de voir cette force créatrice, que d'autres avaient dans la précipitation et l'excitation surnommée "fée", remplir sobrement de l'un de ses noms la case "cause" dans les rapports de police et d'autopsie.

Telle une flèche empruntée à Cupidon et détournée de son usage originel. Quoique l'Amour et la Mort ont une consonance bien trop flagrante pour ne pas que je m'interroge sur l'ambiguité de leurs rapports.

Telle aussi une métaphore ultime de ma vie, paraphrasant ce qui introduisit dans le vif, la chair, les tripes du sujet ma dernière histoire d'Amour. Loin d'être péjoratifs, les termes "dernière" et "histoire" sont pesés au sens le plus noble.

"Tu m'as cherché tu m'as trouvé"

Sentence qui sonnerait tout aussi merveilleusement dans sa bouche de dernière appelante qu'elle retentit en sortant de celle de G.

Mais aussi et surtout telle la petite dernière, et donc pourrie-gâtée, de la famille officieuse des phrases balistiques. Dont les critères d'acceptation sont aussi flous que l'efficience de ses membres est claire.

Mes sentiments à l'égard, aux égards même, de la Mort, à l'image de chaque relation nourrie du feu de la Passion, sont ambivalents, désespérément binaires, tristement manichéens.

Je l'aime.

En sachant que la Haine est prête à bondir pour prendre cette place convoitée, et constamment aguichée qu'est mon for intérieur.

"Dynamite Soul". Revenant sans cesse dans mon écrit et à mon esprit, ce titre d'Artefacts résume parfaitement mon état psychique. Comme une immense carrière que l'on creuse toujours plus à la recherche de la Matière. Du moins l'intérprétation que je m'en fais. Car je fais ce que je veux avec ce que l'on me donne. Et avec ce que j'ai décidé de prendre.

M'ont été données les voies ferrées pour terrain de jeu. Balisé, mais dénué d'intrusions. Ou sporadiques et relevant plus du quart d'heure récréatif que de l'intimidation efficace.

"Echapper à soi-même"...

Notion absurde s'il en est, apologie de la schizophrénie, et pour autant magnifique utopie.

Sans drogues ou maladie mentale il est difficile d'échapper à soi-même, à la raison, aux normes, à la masse, à l'ennui, en résumé à une vie qui est tout sauf celle que je désire me faire du pied chaque matin au réveil. Une vie érectrice.

Sauf par la poésie, par la violence des mots, superbe et blessante à la fois, et par la musique, substitut de ma rythmique cardiaque, qui ont en moi, sans m'avoir demandé mon accord, établi depuis de nombreuses années leur barrage, et qui à la manière des castors le renforcent sans cesse.

Car malade ou drogué on ne déprime pas on vit pleinement.

C'est précisément à l'instant où les normés veulent nous ramener à la raison, et à la maison, que l'on décroche "réellement" de la réalité. Dans sa globalité.

Car dans ma réalité je suis au mieux. Dans la réalité je le suis amplement moins.

Les voies-ferrées sont ce qui se rapproche le plus de mon idéal spatio-temporel poétique. La Nature, les murs, les animaux, morts ou vivants, l'horizon, ces cailloux reconnaissables entre mille variétés, l'électricité évoquée plus haut, tous les éléments de ce grand tableau, qui reste parmi les plus anciennes créations de l'homme moderne, s'assemblent et forment un univers connu de tous mais de manière passive.

Parallèlement à mon curriculum-vitae traditionnel, je fournis maintenant à mes recruteurs potentiels, bien que cette notion de recruteurs se télescope avec ma notion d'imposition naturelle, un cv "Hip-Hop". Un cv d'activiste.

Actif. Voilà un maître-mot.

Car comment comprendre un être sans disposer de son histoire, de ce qui l'a construit? On peut lire un livre en commençant par la fin. Technique dite du saumon. S'il a été écrit dans ce sens et que l'auteur remonte à contre-courant. On est tributaire du titulaire de l'information. On peut également aller la chercher.

Reste à savoir ce que l'on désire "recruter".

De la chair à saucisse, un mercenaire ou un stratège.

Mon désir d'indépendance, qui transpire de manière pestilentielle de ce qui précède et suit, explique ce problème rencontré face aux décideurs. J'ai l'impression de subir. De ne pas mener ma vie comme je l'entends.

Je veux donner. Proposer. Imposer étant une tentation réprimée quand impossible.

Je ne veux pas demander. Mendier.

J'ai, depuis plus de quinze années, quand je ne pouvais pas faire autrement, et à vrai dire quand je le pouvais également, pris l'habitude de "me servir". C'est-à-dire prendre ce que je veux là où il est. L'illégalité de cette démarche m'a évidemment apporté son lot de visites, très amusantes, vraiment, de divers établissements de loi. Mais lorsque je pèse l'actif et le passif, force est de constater que le premier éclipse totalement son opposé.

J'ai donc en parallèle de mes activités, rebaptisées pour la discrétion, et l'éventualité d'écoutes d'éléments étatiques, "courses" ou "fournitures", pris la liberté de me balader le long de ce fil rouge, rouge-rouille, rouge-sang, sang coagulé comme mort et séché par les saisons. Et d'y apposer mon identité officieuse, quoique quasi-officielle, en lettres de styles, tailles, et couleurs, variés, sur tout ce qui s'assimile à un support en son long.

Cela donne sur la même ligne s'étirant à la vue et à la lecture des usagers de chacune de celles qui composent le réseau. Et sur ce même réseau quelques chapitres disséminés au gré des sorties, retouchés, agrémentés, annotés. S'ajoutant aux tomes précédemment, quasi-simultanément, ou postérieurement écrits, ce dernier postulat étant peu probable, car systématiquement contesté par le totalitarisme que j'applique à ma venue, à ma visite, par d'autres déviants de mon espèce.

Formant au final l'oeuvre d'une pléiade d'un nouveau genre.

Qui vit et que j'entretiens. Comme une histoire, des histoires, sans fins.

Faisant fi de mon lectorat, si tant qu'il existe ailleurs que dans mes phantasmes, je ne prête aucune attention à l'approbation populaire. Me réjouissant même plutôt du dégoût et de l'oppression provoquée.

J'éprouve une affection pour les théoriciens du choc, estimant d'expériences qu'une grande claque, l'on s'entend sur ce terme en tant que leçon de vie, est la meilleure manière d'incruster au plus profond du cerveau les tenants et les aboutissants, puis les enseignements, qui amènent à utiliser cette méthode, volontairement ou non.

Partisan de la démonstration et non du discours, un exemple visuel vaut à mon avis aujourd'hui bien plus qu'une lecture ou une écoute, dans une société sous le joug d'une dictature iconique, il est en effet plus rapide dans ses procédés d'applications de la torture mentale. La combinaison des effets des mémoires visuelle, auditive, et bientôt olfactive face aux flux des écrans, est d'une efficacité redoutable en termes de réalisme et de projection et identification des cibles. Et donc d'asservissement comportemental.

Aussi le traumatisme provoqué par le suicide chez le conducteur du "train élu" doit le plonger dans une position d'esclave de la Mort. Ne pouvant que rarement éviter l'impact, cet homme, la profession étant largement masculine, que rien ne prédestinait à devenir la main armée de la Mort, le bourreau non-cagoulé, quoique protégé du regard de sa victime par les reflets de son pare-brise, endosse le rôle de personnage central de l'exécution en place publique.

Un mythe du trai-tueur existerait-il? Pourquoi ces personnes ne se jettent pas sous un camion ou tout simplement de leur fenêtre? Ni le mimétisme ni le glamour ne semblent pouvoir expliquer ce choix.

Entrer dans la tête d'une personne vivante pour tenter de la comprendre est facile, du moins théorisé et instrumentalisé, entrer dans celle d'une personne morte est une autre aventure.

"Donner au train des idées d'avance". Le nouveau slogan de la SNCF résume à lui-seul l'ensemble de cette problématique. Les suicidés veulent être en avance sur leur dernière heure. Le train leur fournit aspiration et inspiration.

"Echapper à soi-même". Une très belle définition de l'inspiration.






Avec 8 ans de recul, je trouve ce texte moyen car souvent incompréhensible par quelqu'un d'autre que moi, et mal organisé.

Mais les idées sont là, et je dois dire que je n'ai pas changé d'avis. Par contre impossible de me souvenir d'où vient l'expression "Echapper à soi-même"...

Quand je suis tombé sur le texte qui suit, je me suis dit qu'il était temps de retaper ce texte(je n'en avais qu'une version papier), et de voir l'évolution de ma pensée, et surtout de mettre en confrontation la vision du conducteur et la mienne.

Le texte précédent est dédié à toutes les personnes décédées par passion et inconscience.

Et à AXE et TEKE.



Accident grave de voyageur.

Demandez à n’importe quel conducteur(trice), il s’agit là d’une vraie hantise. Je parle du suicide ou de la chute d’un voyageur sur les voies. Car dans une carrière de plus de 30 ans de conduite, rares sont ceux qui ont eu la chance d’y échapper.

Et ces accidents sont malheureusement très fréquents. Trop fréquents.

Lorsque je parle de «hantise», je ne veux pas dire que nous y pensons tous les jours, ce serait, bien évidemment, insupportable. Mais ça fait peur.

Peur, car le jour où ça arrive, on ne peut pratiquement rien faire. C’est soudain, furtif, juste le temps de comprendre ce qui se passe et très souvent, il est déjà trop tard, les distances de freinage sont tellement longues.

Et le traumatisme subi par le conducteur est énorme. Certains s’en remettent difficilement, d’autres remontent rapidement sur un train. Il y a ceux qui ont eu la malchance d’en avoir presque une dizaine. D’autres, aucun.

Moi, j’ai eu de la chance, pour le moment. (je touche du bois)! Cela dit, au métro, il y a quelques années, ça aurait pu mal tourner. J’arrivais à la station Père-Lachaise, en direction de Gallieni (ligne 3). L’inter-station précédente comportait une «rampe», c’est à dire que la voie montait de plusieurs mètres de dénivelé.

Arrivé à l’entrée de la station, j’ai vu une femme se jeter sur les voies en plongeant littéralement. Elle se trouvait plutôt en «tête du quai», dans le premier tiers.

J’ai aussitôt effectué un freinage d’urgence, en activant les sablières (un dispositif mécanique dépose du sable entre la roue en fer et les rails, accentuant le freinage).

Puis j’ai demandé la coupure de courant, car au métro, le courant (750 volts) est capté par l’intermédiaire d’un rail de traction, situé au sol (en général entre les deux voies). Ce qui peut générer une deuxième source de danger. Ces gestes sont des procédures d’urgence qui deviennent des réflexes.

À ce moment, rien d’autre à faire que d’attendre que le train s’arrête. Et lorsque vous êtes acteurs de la scène, celle-ci dure longtemps, très longtemps. Je l’ai vue au ralenti. Une fois arrêté, je ne voyais plus la femme. Elle se trouvait quelque part sous l’avant du train… J’ai alors serré le frein à main, fait une rapide annonce car le train n’était pas entièrement à quai, les portes étaient fermées.

Puis Je suis descendu sur le quai.

Là, j’ai tout de suite vu qu’elle n’avait pas été touchée. Le train s’était arrêté à environ 40 cm… Les voyageurs à quai étaient tétanisés, immobiles, médusés. Un homme m’a proposé de l’aide. Je l’ai remercié mais je gérais les choses.

Je dirais maintenant que j’agissais par automatisme, les réflexes étant conditionnés, de par notre formation. Je suis descendu voir la dame après avoir demandé les secours. Elle était silencieuse, immobile mais consciente.

Une fois évacuée, le courant remis, j’ai avancé le train jusqu’au point d’arrêt normal.

Puis j’ai compris… Elle avait eu de la chance, moi aussi… Et si… si…. si…. On se refait la scène, 40 cm plus loin ou dans une station en descente… J’ai été accompagné par un agent de maîtrise jusqu’à Gallieni où j’ai été relevé de mon service pour me permettre de souffler.

J’ai fait alors un rapport d’incident. On m’a proposé d’aller voir une cellule psychologique si je le souhaitais.

Je voulais juste une chose, rentrer chez moi et en parler à ma femme, pour évacuer ça… Suite à mon repos qui suivait cette journée, je suis retourné travailler. On m’a proposé de m’accompagner en ligne pour un tour, ce que j’ai refusé.

Finalement, on m’a appris qu’il s’agissait bien d’une tentative de suicide. (Cela étant, j’avais pas trop de doute sur ses intentions…) Si nous n’avions pas eu cette chance (elle et moi), j’aurais eu le droit à souffler dans le ballon pour vérifier mon taux d’alcoolémie (qui doit être de zéro gr/l.) J’aurais été au commissariat pour faire une déposition.

Mais surtout, une femme serait morte sous mon train, MON train.

Je pense assez régulièrement à cette journée. J’ai l’impression de me rappeler de chaque instant.

Mais heureusement, la conduite d’un train ne se résume pas à ça. Il y a bien d’autres incidents moins dramatiques.

Mais lorsque j’arrive en gare,
-Je déteste les jeunes gens qui font semblant de sauter, pour amuser les copains.
-Je déteste les gens qui marchent sur la bande blanche en bordure de quai.
-Je déteste les quais bondés.
-Je déteste les gens alcoolisés sur un quai. (note pour plus tard, raconter le cas de l’homme de Nogent…)
-Je déteste les parents qui ne tiennent pas leurs enfants en bas âge par la main.

Mais j’aime mon métier, je vous rassure! Faites simplement attention…



Trouvé sur: http://transport.blogs.liberation.fr/rer/2012/01/accident-grave-de-voyageur-.html

mardi 24 janvier 2012

Ready set begin





Ils vont nous manquer ces trains au final...le plastique c'est pas fantastique contrairement à ce que clamait Elmer Food Beat.

lundi 23 janvier 2012

Quelle extase

Les Grands Moulins de Paris vont connaître une nouvelle vie:

http://www.lavoixdunord.fr/Locales/Metropole_Lilloise/actualite/Secteur_Metropole_Lilloise/2012/01/18/article_grands-moulins-de-paris-le-happy-end-de.shtml



La dernière: Pont-Audemer...

samedi 21 janvier 2012

L'ambiance est très lourde






























































Grosse grosse session ronchinoise, merci à celui qui m'a indiqué le Stade! Si quelqu'un en sait plus sur tout ce que l'on peut voir sur ces photos...Merci!

Pour ce mur je soupçonne un gros stock de Flecto Varathane, à cap femelle bleu biseauté(fan tip), de chez Delevoye!

Pour le mur 123K/3HC, une partie a été cachée sous une construction, SCIEN nous apportera peut-être plus de renseignements.