Discussions avec TOONS et WEISS, des KCA.
j'ai mis le temps, mais la rédaction, ce n'est pas mon fort.
(WEISS qui a 2 "S", toi qui a 2 "O", vous étiez tous bègues du bras en fait? Ou vous aviez trop de styles en stock?)
Effectivement il y a des doubles lettres, personne n'avait jamais fait gaffe tiens d'ailleurs.
Quand j'ai trouvé "TOONS", j'étais dans une période pendant laquelle je dessinais des petits personnages de cartoon afin d'essayer de me préparer au concours d'entrée de l'école des Gobelins à Paris dans le 13ème, qui prépare aux métiers de l'animation depuis un bon moment.
Bref, j'ai foiré les épreuves, mais le blaze est resté, et j'ai continué à essayer de faire des petits persos sur murs.
Je n'ai jamais eu de talent particulier, j'aimais dessiner comme beaucoup de monde étant gamin, mais j'ai vite lâché l'affaire, jusqu'à ce que je rencontre WEISS en 1986 en 5ème au lycée dans le 13ème, d'où nous sommes. Il dessinait beaucoup et déjà super bien, alors je m'y suis "mis".
J'y ai rencontré FORM la même année, dans la même classe et on a commencé à trainer ensemble. Je n'ai fait qu'une année de lycée avec eux, mais nous sommes restés potes. La suite, pour la création des KCA c'est eux les responsables, moi je suis arrivé un peu plus tard, en 89/90, eux étaient déjà bien dedans, j'ai suivi le mouvement, le graffiti me paraissait tellement intriguant.
Il y avait très peu d'endroits sur Paris ou alentours pour découvrir ce moyen d'expression, nouveau, sous cette forme en tout cas. Je me souviens d'un gros mur fait en face d'un AUCHAN vers Fontenay sous bois, en 86/87, je ne faisais qu'y passer en voiture avec mes parents, mais ce mur m'a hanté pendant longtemps, j'aimerais trop voir des photos d'ailleurs, je ne l'ai jamais revu.
Je m'y suis vraiment mis en 91 en faisant des tags, et mon premier "graff" en été 92. Dans un terrain de gare de Lyon. Beaucoup de souvenirs de cette époque, les quelques terrains qui tournaient, comme la rue de la roquette avec BRYKE, qui faisait des lettres à casser la tête à l'époque, les MAC qui faisaient déjà des peintures hyper clean, travaillées...Ivry, le 13ème, brochant et plein d'autres endroits, ça pour la partie terrain.
Comme pas mal de monde à l'époque sur Paris les souvenirs :
magazine 1TOX, la Corio, les fat cap Décap'four, les Sparvar de Porte de Montreuil...on arrivait à s'acheter une bombe de temps en temps, c'était vraiment le tout début.
(Tu as un petit stock de sprays de l'époque fort sympathique, Krylon, Belton, Marabu, etc. on entend souvent les old-schoolers avancer l'argument qu'avant il n'y avait pas tout le matos comme aujourd'hui, mais mine de rien il y avait un choix beaucoup plus large de marques, des couleurs magnifiques, et des variétés de traits du très fin au très gros non?)
En 92 rencontre avec ASPEY et KOM du 18ème, de gros voleurs, qui me charriaient tout le temps parce que je flippais, et que je n'osais pas voler. : )
J'ai arrêté les cours à cette période.
Et à un moment, je m'y suis mis. J'ai commencé par voler des bombes, puis pendant 4 ans, c'était notre occupation quotidienne, à faire la tournée des grands magasins et tout ce qu'on pouvait trouver d'intéressant. Bombes pour peindre le soir dans la rue, et les week-ends en terrain.
CD, fringues, chaussures, vêtements techniques pour être au chaud dehors et sous la pluie sans problèmes, materiel de dessin afin d'essayer plein de techniques différentes, aquarelle, acrylique, huiles, Pantones, Poscas, blocs de papier, books, livres d'art, toute notre vie tournait autour du vol et du graffiti.
Une partie de ma vie la plus importante, les potes toujours là, les galères à partager.
D'où il me reste donc, quelques dizaines de bombes de cette période, KRYLON, BUNTLACK, BELTON et autres. J'adorais arriver à la Samaritaine devant leur présentoir de KRYLON, avec ses couleurs mortelles et en ressortir avec quelques-unes sur moi.
Je ne dirais pas qu'avant c'était mieux, pour quelque raison que ce soit, mais c'était bien cool d'avoir de la variété, de pouvoir mélanger des peintures pour métal, plutôt brillantes, comme la KRYLON ou des "OTTO-K" et tout ce qui vient de chez KWASNY, avec des peintures flashy et mattes des BUNTLACK, qui était je crois, fabriquées aussi par KWASNY...grosse pression avec celles-ci au contraire des Sparvar et MJ spray, qui étaient aussi souvent plus ternes.
Vers 93/94, sous l'impulsion de FORM, qui nous poussait constamment et qui avait une caisse aussi, on a commencé à faire des chromes dans les rues de Paris pendant un bon moment. Les voies de trains de banlieues et de RER aussi, ainsi que quelques trains et métros. Rencontre avec EMA, DIADEM, DEVIZ...
On sent une fraîcheur dans les souvenirs, les anecdotes, les détails, pourtant presque 20 ans ont passé. Quel regard as-tu sur cette époque?
Les souvenirs pour certains sont bien présents et frais, alors que d'autres ont totalement ou partiellement disparus, mais grâce à ce type d'initiative, ton interview, on croise tout ça pour combler les trous et on se remémore plein de conneries. : )
Des anecdotes, on en a plein, comme tout le monde, sur les plans galères, ou les plans surprises: Un jour, on se pointe chez Graphigro dans le 15ème, et ça faisait un moment que le vendeur qui s'occupait du 1er étage nous avait repéré, là où se trouvait la vitrine des Buntlacks.
Donc on demande à DIADEM d'aller jeter un oeil, car il était moins tricard que nous dans ce magasin, et de nous faire signe discret à la fenêtre afin de nous dire si la voie était libre et la vitrine ouverte.
Là on le voit se pointer en faisant des bonds et en agitant les bras, alors on entre vite fait, et là, la vitrine était ouverte, et aucun vendeur à l'étage. On a réussi à prendre une dizaine de Buntlacks chacun avant de tracer vite fait. ça parait peu comme ça, mais je me souviens que j'en avais 14 sur moi, pas dans un sac, et que je ressemblais plus à un automate en sortant qu'autre chose.
Pas mal d'influences différentes aussi avec EVOK par exemple, qui avait déjà un style très graphique.
En ce qui concerne l'époque, c'est vrai que tout à beaucoup changé. J'ai arrêté en 98 à peu près, fait 3 murs après entre 2000 et 2004, et repris en 2011. J'avoue que même encore maintenant, je suis sidéré par l'ampleur que ça a pris. D'un côté les gars (ou les nanas) atteignent des niveaux assez balèzes très vite.
Les bouquins, le matos, le web, c'est l'explosion, et en plus, avec énormément de talent !
D'un autre côté, à Paris en tout cas, il n'y a plus assez de place pour tout le monde, plans vandales, murs, devantures, camions, les mecs se repassent sans aucun respect. Pour faire le vieux con, je dirais qu'à notre époque, on se connaissait à peu près tous, même de loin, et s'il y avait ce genre de plan, c'était vite rectifié.
Maintenant c'est devenu une sorte de passe temps à la mode que de faire du graffiti, ça pourrait facilement décourager de voir tout ça, mais nous sommes têtus. On ne va pas lâcher l'affaire comme ça.
Quelqu'un m'a dit il y a peu que le graffiti était mort, à cause de toute cette merde. Il est mort, dans sa version que nous avions vécue, tout comme des ricains auraient pu dire qu'à notre époque, c'était vraiment de la merde et crevé depuis belle lurette. Ça mute et évolue constamment, reste inclassable et impossible à mettre en galerie. Ça restera toujours vivant. Et plus y aura d'interdits, plus y aura de mecs véners qui ne lâcheront jamais.
WEISS...un nom trouvé au hasard sur le capuchon d'une spray ou réelle signification?
C'est amusant, il semblerait que mon blaze n'ait pas beaucoup suscité la curiosité des mecs avec qui j'ai trainé dans le graffiti. On demande souvent l'origine de tel ou tel nom, et dans mon cas on ne m'a pas souvent interpellé sur le sujet. En fait, en 1987 j'étais un grand fan du groupe Anthrax et cette année là ils ont sorti un mini EP intitulé "I'm the man". Sur la pochette derrière la tête du guitariste Scott Ian, on peut distinguer "WEISS", ainsi que derrière Franck Bello, le bassiste.
En 1987, j'ai 13 ans, et à cet âge tu réfléchis pas trop au sens que que tu veux donner à ton nom. J'ai vu ça, je trouvais ça cool, tout simplement, même si j'ai vite compris que j'avais pas choisi les lettres les plus simples à enchaîner ! Mais bon, 25 ans après je commence à bien maitriser les deux "S" !!!! Par contre chose très amusante, je constate encore aujourd'hui qu'il est prononcé de différentes façons.
Ça fait un peu peur, "Anthrax", "Weiss", i'avait pas un "Supremacy" et des logos bizarres avec?..
Absolument pas ! C'est pas du tout le genre de groupe avec des idées malsaines. Surtout qu'ils ont collaboré avec Public Enemy et ont sorti ce fameux "I'm the man" qui était plutôt axé rap groovy avec grosses guitares.
2 "S" qui se répètent c'est courageux, et pleins de lettres ça dérangeait pas les gens à l'époque, "WEISS", "BDB", "TOONS", "DIADEM", pour citer des mecs proches de vous, y avait-il plus de challenge avant?
Si tu penses aux premiers, début des années 80, ils étaient libres de faire ce qu'ils voulaient, choisir les pseudos à leur guise. Avec l'arrivée de la deuxième génération, certains noms commençaient déjà à ressembler à d'autres déjà existants. Et plus tu avances dans le temps, plus tu remarques que pas mal de noms sont quasi les mêmes. La rue étant saturée de pseudos, il faut bien trouver quelque chose d'original ou bien t'as le choix de partir d'un pseudo pour en arriver à un autre qui n'existe pas, par exemple, t'enlèves une lettre à NOM, ça donne OM, tu inverses l'ordre tu as OMN, tu ajoutes une lettre tu obtiens OMNI, etc… , ou alors, comme le font certains, ils reprennent (consciemment ou pas) des blazes qui ont déjà existé, le dernier exemple que j'ai en tête est AYE(R).
Quelle était ta place, ta spécificité au sein des KCA?
Le groupe a été créé en 1988 par mon pote Mario (KNOZE) qui était déjà dans le mouvement Hip-Hop depuis quelque temps, il ne posait pas énormément dans la rue et le métro. Il m'a engrainé dans le mouvement graffiti, je n'étais pas fan de rap au départ, j'écoutais du rock et du métal, mais je me suis laissé tenté, et j'ai accroché direct sur NWA, 2 live Crew, Above the Law… des groupes assez "violents" dans leurs textes. KNOZE laissant tomber le tag, j'ai repris les commandes du groupe, au final j'étais tout seul…(à ce moment le nom signifiait "Kings of the Criminal Action", hyper présomptueux non ? lol). En gros, j'étais au commencement du groupe.
Mais très vite, au collège j'ai rencontré ceux qui par la suite choisiront les noms ABEL, TOONS, FORM…et de leur côté "recruteront" les autres. Nous étions avant tout des potes de bahut, comme tous les crews de cette époque j'imagine. Il n'y avait pas de racaille chez nous, on s'éclatait en faisant des conneries de gosses et en posant nos pseudos un peu partout. On se voyait tous les week ends, pour nous balader, taguer, graffer, taper le matos nécessaire, les vêtements, les chaussures, les CD, la bouffe… tout. Nous n'avions pas de tunes, il fallait qu'on se débrouille. Mais jamais nous n'avons volé les bombes d'autruis ou utilisé la violence, ce n'était pas notre mentalité, et quand je lis dans les bouquins, certains gars qui se la jouent en expliquant que eux dépouillaient, je me sens plutôt fier d'avoir pris les risques et de m'être démerdé pour voler les bombes en magasin, c'était autrement plus couillu que de dépouiller.
Il n'y avait pas de place bien précise pour chaque membre. On essayait de se faire connaitre en posant un maximum. On était assez bien répartis dans Paris : Moi, ABEL, EMA et TOONS dans le 13e, FORM et SERTY à Ivry, KOM, ASPEY puis par la suite KOST, SENSÉ dans le 18e, JENEE à Voltaire, DIADEM à Pantin et d'autres qui se sont greffés au fur et a mesure que le temps passait. Cependant, l'envie de faire des graffs est arrivée assez rapidement, le challenge de créer de grosses lettres pour en mettre plein la vue et prouver aux initiés que j'étais capable de maitriser la bombe semblait être le défi ultime. Donc fin 89, j'ai fait ma première peinture dans la chambre de mon pote Stéphane avec qui je skatais et qui deviendra SHONE 3DT,V13…j'ai fait une vraie merde, mais faut bien commencer par quelque chose lol, puis tout s'est enchainé, terrains, métro, rues, toits…
Entre 1992 et 1996, j'ai surtout fait des lettrages, TOONS s'y est mis aussi, FORM était plutôt dans l'efficace et le lisible, ce que je n'ai pas assez fait, et qui a été peut-être une erreur, car je composais avec des mots qui m'inspiraient et non pas qu'avec mon blaze. Du coup on ne retenait pas forcément mon nom. C'est ASPEY qui déchirait en faisant des persos vraiment canons.
Au-delà même du concept du groupe auquel il fallait appartenir, parce qu'il est toujours plus simple de vivre en communauté que seul, nous étions la même bande dont certains n'étaient pas KCA, mais avec qui on trainait tout le temps : TORE, SPIRAL, EVOK, PRYZ… Je pense qu'ils nous trouvaient pas assez bien pour poser KCA à côté de leur tags lol.
Avais-tu une marque, des couleurs favorites?
Là je vais te répondre ce que la plupart des mecs de cette époque disent : Buntlack, Krylon, Auto-K, Rust-Oleum, Multona, Belton, SparVar… j'aimais beaucoup les Eclat d'Or du Bon Marché, le doré pêtait vraiment bien, et leur format était très pratique, pas lourdes et donc très maniables. Les Buntlacks avaient une particularité, elles ne sentaient pas mauvais comme les autres, elles avaient même une odeur de bonbon, comme les Montana d'aujour'hui. Niveau couleurs, pas de préférence non, j'improvisais mes remplissage et parfois le résultat n'était pas du tout valorisant, lol. Mais j'avais fait le choix de pas faire ce que beaucoup faisaient : des intérieurs aux couleurs pastels Buntlack…
Quels mots et où les puisais-tu?
J'étais très influencé par la musique que j'écoutais (et que j'écoute encore aujourd'hui : rock, metal, death, black, progressif, atmospherique…), donc je pouvais bloquer sur des paroles de chansons, des titres de musiques etc… ou les gens qui m'étaient proche également, surtout les filles, lol, et aussi des évènements de la vie. Aujourd'hui, plus rien de tout ça, je pose et peinds mon nom uniquement : la base même du graffiti pour moi, des lettres, le nom et basta.
Ne connaissant que mal votre carrière, en fouillant dans vos books photos, ce qui me saute aux yeux c'est que chacun venait avec son style, hyper-personnel, ses couleurs, et que le tout donnait un joyeux bordel, bien loin de l'uniformité qui prendra place après dans le monde du graffiti. Qu'en penses-tu?
C'est tout à fait ça. On avait chacun nos bases et nous avons développé nos techniques et styles au cours des années. Pour ma part, j'ai toujours voulu essayer des choses différentes, que ce soit dans la composition ou dans les lettres mêmes. Et chacun de nous a fait cela de son côté. Forcément, au départ tu es obligé de t'inspirer voir de pomper pour comprendre comment on fait, mais plus tu dessines et plus tu prends ton indépendance et fais ce qui te passe par la tête et non pas ce que tu vois en photo ou sur les murs. J'ai toujours aimé le bordel illisible et les détails (encore aujourd'hui dans mes dessins), j'essayais donc de tracer des lettres compliquées à lire, avec beaucoup de flèches partout, je m'en foutais royalement si personne n'arrivait à lire.
Je ne comprendrai jamais l'intérêt de faire tout le temps les mêmes lettres, d'utiliser les mêmes couleurs avec les mêmes fonds… comme certains continuent à faire aujourd'hui sur toile… C'est surement rassurant de se dire qu'on maitrise super bien un style, et que d'essayer autre chose est beaucoup trop risqué.
Avec le recul, je constate que je commençais à faire des choses interessantes quand j'ai laissé tomber le graffiti, mais les priorités deviennent autres lorsque tu commences à travailler et en 1997 j'ai peint pour la dernière fois. Du coup 15 ans plus tard, je me relance le défi de continuer là où je m'étais arrêté… en faisant une croûte au terrain d'Ivry, lol… mais ce n'est pas grave, ce qui compte cest les moments que tu passes avec tes potes que tu viens de retrouver et la montée d'adrénaline que tu sens monter lors d'un plan vandal.
Quelques mots sur tes collègues...
Tous des cons ! Je plaisante !!
J'ai adoré toute cette période hyper intense, mêlant peur, joie, découverte de soi, partage, confiance, adrénaline, prise de risques, serrages, courses…
Les mecs avec qui j'étais, étaient et sont encore aujourd'hui je pense, des mecs de confiance, sur lesquels je peux compter. Si tu fais partie d'un crew, ce n'est surement pas pour te la raconter, mais parce que t'es avec tes potes et que tu es motivé par la même passion. Les gens qui t'entourent dans la vie, et encore plus quand tu es ado, t'aident à te construire, à devenir ce que tu seras à l'âge adulte. Grâce à Facebook, j'ai retrouvé FORM, ASPEY, EMA, SPIRAL, EVOK. Les autres je n'en ai aucune nouvelles. J'éspère en tout cas qu'on aura l'occasion de grouper tout le monde pour taper un mur un de ces jours.
Comme quoi on en dit du mal mais FB et Internet en général c'est quand même un des plus beaux outils créés par l'Homme non? Mise en relation, connaissances disponibles, etc.
Je crois aussi qu'Internet a été bien plus révolutionnaire que la télévision. Et comme tout outil de communication, il a ses qualités et ses défauts. Et les plus grands à mon sens, sont la transmission de données personnelles à des fins commerciales mais aussi le fait de créer ce besoin d'aller toujours plus vite et de vouloir être à l'affut de la moindre info sur n'importe qui. Quant au lien internet / graffiti, dans une certaine mesure cela a tué l'intérêt des graffeurs à bouger dans les terrains, dans la rue ou dans le métro. T'as plus qu'à poser ton cul sur ta chaise ouvrir google ou facebook et tu vois ce qui se fait partout. À côté de ça, il arrive qu'on retrouve des vieilles peintures à soit qu'on avait pas shooté à l'époque : il y a le bon et le mauvais.
20 ans après quel est ton rapport avec le graffiti?
Il m'est retombé sur le coin de la gueule à cause de SPIRAL qui a posté une photo sur Facebook de chromes que nous avons fait sur une ligne de RER en 94 ou 95. Du coup ce mini événement m'a complètement relancé, et puis aussi le fait d'avoir retrouvé les anciens potes de l'époque et de se stimuler les uns et les autres à bouger, poser des tags… Tout revient très vite sans même que tu t'en rendes compte. TOONS avait déjà repris la peinture en 2011, mais on ne se voyait plus à cette période, du coup c'est celui que je vois le plus souvent pour peindre maintenant. L'émulation que provoque les photos qu'on redécouvre presque 20 ans plus tard est à l'origine de ce nouveau point de départ. J'avais vraiment laissé tomber en 1997, et d'un coup sans que je m'y attende, me revoilà à poser mon blaze sur les affiches du métro, lol. Je pense que tu peux lacher le graffiti, mais qu'il finit toujours pas te rattraper tôt ou tard. La preuve aujourd'hui.
Je ne regarde pas les magazines, "Descente Interdite" est le seul bouquin que j'ai acheté sur le graffiti (les autres je les ai volé, lol) car il correspond à mon époque et au sens même que je donne au graffiti : quelque chose qui doit rester dans la rue, sur les trains, le métro… Le graffiti n'est pas de l'art pour moi, c'est juste mon énergie que je dépose sur une carcasse de métro, un mur ou n'importe où. Je ne vais pas dans les expos de graffiteurs, je n'y vois aucun intérêt… je prends mon pied en etant dehors, et non pas face à une toile. Pour ça je vais au Louvre, à Orsay… et là oui jme prends des claques.
Pourquoi une telle force d'attraction tu crois?
Tout simplement parce que lorsque tu plonges dans cette univers, tu y prends vite goût, ça devient une addiction et une obsession de poser partout, tout le temps. Tu veux voir les trains avec ton nom dessus, et que les autres le voit aussi bien évidemment. 20 ans plus tard, c'est surtout un message aux mecs de ma génération, mais aussi aux nouveaux, pour leur dire que même après tout ce temps le graffiti fait partie intégrante de ce que je suis. J'ai passé 9 ans a peindre et taguer, plus ou moins fréquemment, donc je ne peux pas renier tout cela aujourd'hui, au contraire, je continue à le faire, avec cette envie permanente de progresser. Il n'y a que les gens qui ont connu cela qui peuvent comprendre cet acharnement.
Ah enfin quelqu'un d'accord avec moi, le graffiti avant d'être un art(avec un a minuscule à la limite), c'est un geste, et c'est surtout un tout!
Le graffiti tel que je le conçoit n'est pas de l'art, c'est mon avis. Il ne dégage aucune émotion, juste de l'énergie. C'est une façon extrème de communiquer, d'imposer son nom à tous. C'est comme mettre une claque à quelqu'un pour qu'il t'écoute bien attentivement, lol.
Mor-tel! Des incontournables des 90's à paname... Et puis c'est intéressant de montrer son point de vue sur le "mouv'", et démontrer qu'il n'est pas nécessairement hip-hop, ce sur quoi certains insistent lourdement, et ce que personnellement, je ne trouve pas vrai du tout... Tellement de teufeurs et de métalos ont fait du graffiti de qualité! Ce serait réduire ce mouvement à un seul style de musique:nul! Trop de gens depuis longtemps font croire que le graffiti est nécessairement "hip-hop", qu'il fait partie des 4 disciplines et patati et patata... 'Fallait dire ça aux pionniers de la côte est des usa à la fin des 60's..... J'aurai aimé une petite question ou affirmation orientée SK, qui en était, qui n'en était pas chez les KCA... J'ai tellement mangé de leurs pleines rues en '98-'99...
RépondreSupprimerPour qq'un pour qui la rédaction fait chier, là il tient un best-seller. Mortel comme d'hab...
RépondreSupprimerle graff du auchan à val de fontenay ... je pense qu'il s'agit d'une longue bande toujours en place avec tout les pays du monde peintes par les UTP (Shuck One, Dany Dan ...) de mémoire. certaines phases sont complétement pompées sur spray can art.
RépondreSupprimeradresse pour zieuter sous google
il y a aussi une grande fresque au stade le Tiec qui est toujours en place.
SK / KCA : Form, Diadem, et plus tard Serty apparemment.Diadem a disparu de la circulation, Evok ne peint plus. Les seuls SK en activité sont à ma connaissance Doen, Skizo, Form et Serty
RépondreSupprimerah, ça fait vraiment plaisir cet interview. j'ai toujours kiffé la dynamique de leurs peintures,content de lire des mots censés qui vont avec! en plus y s'on pas perdu la main apparement. et j'ai bien rit avec la question ridicule sur Anthrax, ça montre assez bien la méconnaissance qu'on souvent les hiphopers du rock.
RépondreSupprimerC'était ironique hein pour l'allusion néo-nazie...
SupprimerAttack of the killer b's!!! Les vrais savent...
RépondreSupprimerhttp://www.youtube.com/watch?v=e4vCCnUTTG0
Avec flavor flav' qui tape un beat sur la batterie de charlie benante calé sur le beat que dj terminator x balance: exceptionnel! Ah ils étaient décomplexés à l'époque...
Pour détailler l'anecdote de l'origine de WEISS, Mark Weiss était le photographe de la la pochette de "I'm the man".
RépondreSupprimerSerty n'a jamais été -officiellement- SK, tout comme Evok n'a jamais été KCA.
RépondreSupprimerPour le reste, voilà la vraie liste SK:
Resa , Deviz , Fleo, 1deas, Aspé , Skizo , AtomTwo , BDB , Form , Spiral , Noise ,Doen ,
Nepso(R.I.P) , Markus (R.I.P) , Evok , Diadem.
j'ai bien trippé de revoir vos blazes, en plein centre de paris et le lendemain les mêmes mais différents. chapeau.
RépondreSupprimerWeiss on été en 3eme ensemble. content d'avoir de vos nouvelles
je ne sais pas qui tu es au dessus, mais ca me ferait bien plaisir que tu me contactes. laisse un message ici si tu passes.
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