Pas de phrase d'intro le jeudi c'est haram.
Le premier nom que tu aies-vu sur un mur?
Je ne m'en rappelle pas... En fait quand j'ai commencé, je ne m'intéressait pas vraiment à ce milieu. Je voyais le tag comme un truc de faux rebelles, et je faisais plus du tag "second degré". J'écoutais du rock et de la musique électronique, j'étais pas du tout dans le délire ! C'est que plus tard, en pratiquant, que j'ai vraiment accroché et que j'ai commencé à m'intéresser à ce qui se faisait et à regarder les murs.
Au début ce qui m'impressionnait c'était les fresques très travaillées et techniques, à la Frelon ou DVD. Par la suite ça a changé, et maintenant ça ne me touche vraiment plus...
Crois-tu qu'en 2010 la fame est un concept has-been et que comme le veut l'adage "vivons heureux vivons cachés"?
Si on veut vivre caché et qu'on s'en fout de la fame, on ne fait pas du graffiti. Même le fait d'aller faire un terrain, c'est faire la démarche de montrer ce qu'on fait aux autres, sinon on repeint le même mur sous un pont toutes les semaines... Je ne crois pas du tout aux gens qui disent qu'ils peignent pour eux en s'en tapant de l'avis des autres.
Pour ma part si je fais peu d'illégal, c'est plus par flemme ou parce que ce n'est pas très
compatible avec ma vie sociale que par choix. Je fais pas mal de frets maintenant, c'est un autre délire, les pièces durent longtemps, elles sont vues, mais pas forcément par les gens de la région. Et puis c'est une ambiance cool sans l'inconvénient des terrains où les pièces sont repassées trop vite.
Plus largement crois-tu que le pack "tags en rue-panels sur métro-flops sur stores-chromes sur autoroutes" est dépassé et que c'est chacun son histoire, chacun son chemin?
Il est un peu dépassé dans les faits parce que maintenant les gens sont plus spécialisés soit en rue, soit en roulant, soit en autoroutes/voies ferrées. Je ne sais pas trop pourquoi d'ailleurs, c'est peut-être plus dur de faire de tout vraiment à fond aujourd'hui. Le buff dans Lille démotive beaucoup de gens aussi je pense. C'est logique quelque part, faire un pièce sur un store en sachant qu'elle a une durée de vie de 5 ans ou de 5 jours, c'est pas pareil !
Reste que ceux qui m'ont le plus marqué dans le Nord sont ceux qui étaient vraiment multi-supports, comme les VR6.
On entend souvent les gens dire "ouais j'suis vachement influencé par Albert Frankhov, un illustrateur tchèque des années 30 blah blah..."(ndr: pas besoin de googliser il n'existe pas) mais on voit rien dans leurs graffs. Branlette ou réel impact?
Le graffiti a toujours emprunté pas mal au graphisme je pense, même dans les bases (remplissage/contour, lights), sûrement souvent inconsciemment d'ailleurs. On est tous confronté à tellement de graphisme tous les jours à travers toutes les pubs qu'on se prend dans la gueule, ça influence forcément.
Après des influences plus pointues comme tu dis, je sais pas, j'ai jamais vu une pièce en me disant, tiens ça me fait penser à untel précisément. Mais les aller-retours graffiti/graphisme sont de plus en plus rapides, et on voit bien que certains graffeurs regardent de prés ce qui se fait. Par exemple il y a une grosse mode des visuels retro 80's dans le graphisme, et c'est direct repris dans le graff, par Roid notamment. C'est pas forcément négatif, tant que ça se limite pas à surfer sur la mode du moment et qu'il ya un vrai fond derrière. Mais globalement, je pense que c'est plus des univers que des mecs précis qui influence le graffiti, comme les tatouages latinos, la propagande soviÈtique, ... Des genres avec des codes précis qui sont facilement transposables.
Qui pour toi sort des canons traditionnels du graffiti? Donne nous tes bonnes adresses.
Récemment j'ai bien accroché sur le bouquin "Nothing but Letters" de Lek et Yko qui arrivent à innover en restant dans le travail de la lettre, ce qui est pas si courant que ça. J'aime beaucoup WXYZ aussi ou les camions de Alfe où il fait un gros remplissage bien bordélique sur tout le camion et après claque un tracé direct par dessus. Ripo m'a bien scotché aussi y'a pas longtemps, ça change !
Mais ceux que j'apprécie le plus ne sont pas forcément ceux qui essayent de sortir à tout prix des codes du graffiti. Ceux qui arrivent à avoir leur style bien marqué tout en étant super classiques ont d'autant plus de mérite. J'adore Moze, ou CanTwo par exemple. On peut dire que ça apporte rien de nouveau, mais ça reste du beau boulot, bien fait, et ça fait plaisir aux yeux. Après il y a ceux qui gardent les codes classique et arrivent à sortir un truc vraiment nouveau, où c'est les lettres qui font la différence et pas le traité, comme Isham ou Dem, et là : respect !
Ici je ne le répéterais jamais assez nous vouons un culte au cap d'origine et aux tags 20 ans d'âge, crois-tu que nous soyons fous?
Je suis pas spécialement un acro du cap d'origine, en fait je m'en fout un peu des bombes tant que j'arrive à faire le truc que j'ai en tête. Ca m'arrive même de mettre des caps jaunes sur des bombes de carrosserie pour avoir un trait bien net (sacrilège?)(ndr: oui!). Je ne fais pas des peintures très "spontanées" donc c'est pas très important pour moi. Je trouve que ça donne un bonne pêche à un flop ou à un tag, mais vu que ça n'a jamais été mon fort... Mais c'est clair que certains graffs n'auraient plus beaucoup d'intérêt s'ils étaient fait au skinny Montana, genre Zoow, Kegr, des trucs comme ça...
Les tags 20 ans d'âge, c'est sûr que ça fait plaisir à voir, étant donné que c'est une pratique éphémère, les dernières traces des débuts sont précieuses! Mais je ne suis pas partisan du "c'était mieux avant", certains de ces vestiges sur lesquels vous vous extasiez des fois sont moyens, et s'ils étaient faits aujourd'hui, je pense qu'ils passeraient complètement inaperçus.(nrd: pas faux...)
C'est parfois plus de la nostalgie à mon avis, comme kiffer un vieux morceau parce que ça nous rappelle des trucs...
oé ok, ca sinscrit dans un processus donc evidemment que ca nauraient aucun interet aujourdhui, mais sans ca yaurait pas ces interviews sur ce blog...
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